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Les bombardements de Strasbourg en 1944

Je ne sais pas si vous vous êtes déjà fait cette réflexion… Bien souvent, quand une chose de notre quotidien disparaît, on se rend compte que l’on n’avait pas suffisamment fait attention à son apparence. Une maison de votre trajet journalier est détruite, par exemple, et vous prenez conscience de votre incapacité à en visualiser l’apparence ou les détails. J’ai hélas connu les terribles bombardements de Strasbourg en 1870, mais aujourd’hui, nous parlerons de ceux de 1944.

Antoine Wendling 1905
Antoine Wendling en 1905
Nicole Siebert 1944
Nicole Siebert en 1944

Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis Antoine Wendling, architecte strasbourgeois né en 1828.
Je raconte dans ces pages quelques souvenirs de ma vie professionnelle ou familiale dans la capitale alsacienne que j’ai tant aimée.
En suivant ces liens, vous pouvez mieux nous connaître, moi et ma petite famille.

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Strasbourg bombardée

Strasbourg - Carte des bombardements de 1944
Carte des immeubles détruits (en rouge) ou endommagés (en bleu) par les bombardements de 1944

Les bombardements de Strasbourg du 11 août 1944

Vers la rue du Noyer…

Strasbourg - Bombardement pharmacie du cygne
1. Les décombres de la pharmacie du Cygne, à l’angle de la rue du Vieux-Marché-aux-Vins et de la rue du Noyer
Strasbourg - 2 rue du Noyer bombardements 1944
2. Immeuble 2 rue du Noyer, fortement endommagé (AVES)
STrasbourg - Ruines rue Thomann 1944
3. La rue Thomann, vue depuis les décombres du “Rocher de Sapin”
Strasbourg - Ruines Rocher de Sapin 1944
4. Les décombres du “Rocher de Sapin”, à l’angle de la rue Thomann et de la rue du Noyer. Au premier plan, le grand magasin Elka (Printemps) endommagé (AVES)

Oh oui, je l’aimais bien ce « Rocher de Sapin », si convivial et proche de la maison… C’était un bel immeuble XVIIIe, avec son toit mansardé et ses encadrements de fenêtres travaillés. La ruelle du Roitelet filait alors juste à droite du restaurant. Tu l’as encore connue, cette ruelle, ma chère enfant, avant que les gigantesques Grandes Galeries ne la mangent.

La rue du Noyer avec l’hôtel-restaurant “Au Rocher de Sapin”, en 1880

Sur cette vieille photo, on aperçoit aussi un bout de la pharmacie du Cygne, à gauche. De même que l’oriel de l’ancien « Rocher de Sapin », dans une des plus vieilles maisons de la Ville. Mais celle-ci a disparu bien avant les terribles bombardements que tu as vécus en 1944.

… et le Vieux-Marché-aux-Vins

Seulement, la pharmacie du Cygne que tu as connue était déjà différente ! Je crois que le beau bâtiment du même style que le « Rocher de Sapin » a cédé la place à quelque chose de plus haut au début des années 1920. C’est cet immeuble-là que tu as vu détruit.

Strasbourg - Ancienne pharmacie du Cygne
Ancienne pharmacie du Cygne, côté rue du Vieux-Marché-aux-Vins. A droite, le restaurant Valentin-Sorg (Feder)
Strasbourg - Pharmacie du Cygne 1920
Au début des années 1920, le nouvel immeuble de la pharmacie du Cygne, et le Louvre (futur Printemps) de l’autre côté de la rue du Noyer

Quant à l’immeuble du coin du quai de Paris, siège des sinistres nazis auxquels tu fais référence, il était primitivement partie intégrante d’un bel hôtel, « À la ville de Vienne », idéalement placé en face de l’ancienne gare. Il avait périclité à la mise en service de la nouvelle gare en 1883, mais son architecture simple et classique me plaisait bien.

Strasbourg - Hôtel "A la ville de Vienne"
L’hôtel “A la ville de Vienne”, sur le quai de Paris

Vers la rue du Vieux-Marché-aux-Grains

Strasbourg - Ruines Zum Römer 1944
5. Les ruines du restaurant “Zum Römer”, rue du Vieux-Marché-aux-Grains (AVES)
Strasbourg - Bombardement rue du VIeux-Marché-aux-Grains 1944
6. La rue du Vieux-Marché-aux-Grains, entre la rue du Saumon et celle des Pelletiers (AVES)

Et pourtant, ils étaient beaux ces bâtiments ! Et ils abritaient de fameux établissements… qui, il est vrai, ne se destinaient pas à une jeune fille de bonne famille. Mais, historiquement, nous avions là un des plus anciens estaminets de la ville !

Strasbourg - Petites boutiques et rue du Vieux-Marché-aux-Grains 1895
La rue du Vieux-Marché-aux-Grains en 1895, derrière les petites boutiques, avec l’estaminet Piton à gauche (photo Blumer)
Strasbourg - Zum Römer 1910
Le restaurant “Zum Römer” vers 1910

C’était l’estaminet Piton, fondé en 1864, prototype des nouvelles grandes brasseries luxueuses, vastes et souvent éclairées d’une verrière. Ton grand-père Jean, le pharmacien de la Vierge y tenait son Stammtisch. Je l’y rejoignais de temps à autre. Lui a survécu aux bombardements, de même que son voisin “Au Talon d’Achille”. Mais pas le “Vieux Frédéric”, que tu vois un peu en saillie sur la photo de gauche.

Estaminets et restaurants

Strasbourg - Estaminet Piton
La grande salle de l’estaminet Piton avant 1870

Mais les beaux immeubles si caractéristiques, de l’autre côté de la petite rue du Saumon, par contre… Il y avait là le restaurant Doerfer, dans une jolie bâtisse classique surmontée d’une drôle de terrasse. Puis, surtout, le fameux restaurant « Zum Römer », ouvert vers la fin de ma vie, qui occupait le rez-de-chaussée de deux maisons parmi les plus pittoresques de Strasbourg. La première avait un immense toit très pentu avec quatre étages de mansardes. La seconde se signalait par un beau pignon à redents. Même si tu ne fréquentais pas le Römer, ma chère Nicole, je suis sûr que tu avais remarqué ces maisons.

Strasbourg - Publicité pour le Rômer
Publicité pour le Römer

Quant à la pharmacie de la Rose, sur la droite du Römer, je crois que ton époque a heureusement choisi d’en restaurer la façade et l’apparence, malgré les dégâts du bombardement.

Vers la place Gutenberg

Strasbourg - Bombardements de la place Gutenberg en 1944
7. Les ruines du débouché de la rue des Hallebardes sur la place Gutenberg.
Le 91 rue des Grandes Arcades et les numéros 1 et 3 place Gutenberg n’existent plus (AVES)

Que cette image est affligeante, effectivement ! Nous habitions bien au numéro 9, sur le côté sud de la place, heureusement épargné. Et ce grand-oncle lointain auquel tu fais référence était mon cher beau-frère Camille Schauffler, qui avait épousé la sœur de ton arrière-grand-mère, mon épouse. Tu me suis ?

Les propriétés Schauffler

Il possédait le grand commerce de mode au coin de la rue Mercière. A ton époque, il appartenait encore à ses descendants, je crois. Et l’immeuble est resté intact.

Hélas, il avait aussi investi dans l’immeuble faisant le coin avec la rue des Hallebardes, celui qui n’est plus qu’un tas de gravats sur la photo du bombardement. Ses enfants Théodore et Maria en avaient hérité à sa mort en 1901. Théodore avait acheté le 74 allée de la Robertsau, non loin de chez ton oncle René.

Strasbourg - Magasin Schauffler place Gutenberg
Publicité pour le magasin de mode Camille Schauffler, place Gutenberg (Hamm)

Quant à Maria, elle épousa le banquier Virgile Meyer, homme charmant que j’appréciais fort. Leur fille Yvonne a hérité de cet immeuble bombardé, avec son mari Eugène Doirisse. Tu les as connus. Eux aussi ont habité allée de la Robertsau, modestement…

Strasbourg - Allée de la Robertsau - Villa Doirisse
La villa Doirisse
Familles Wendlin, Muller et Meyer
Ton arrière-grand-mère Adélaïde et ta grand-maman Marie. Moi je tiens ta maman Jeanne sur mes genoux. Virgile Meyer est debout derrière, et son épouse Maria Schauffler serre leur fille Yvonne près d’elle.
Strasbourg - Place Gutenberg 1900
Vue de la place Gutenberg avant 1900 – A gauche, le 91 rue des Grandes Arcades, puis la rue des Hallebardes, beaucoup plus étroite, la Quincaillerie Furderer et la chapellerie. Ce sont les immeubles bombardés.

Yvonne a passé son enfance dans cette belle bâtisse à gauche sur la photo. Au-delà de la rue des Hallebardes, qui est alors très étroite, le grand immeuble suivant abritait la très réputée quincaillerie Furderer, une institution. Sur la fin de ma vie, on l’appelait Schwovolade, parce qu’elle était tenue par des Allemands. Et au-delà, avant le magasin Schauffler, c’était un fabricant de chapeaux. Tout à droite de la carte postale, tu vois la toiture de la maison que nous habitions dans les années 1860.

Vers le pont du Corbeau

Strasbourg - Bombardement place du Corbeau
Les maisons de la place du Corbeau bombardées (AVES)
Strasbourg - Place du Corbeau bombardée 1944
Les ruines vues depuis la Grande Boucherie (AVES)

Oh, ma chère enfant, ce pâté de sept maisons était bien sûr pittoresque, véritable enchevêtrement de bâtisses traditionnelles. Mais je ne suis pas sûr qu’il aurait résisté longtemps à un urbanisme moderne…

Strasbourg - Quai des Bateliers 1920
Le quai des Bateliers avec l’îlot disparu
Strasbourg - Pont du Corbeau 1900
Au bout du pont du Corbeau, les maisons pittoresques, les pieds dans l’eau
Strasbourg - Place du Corbeau 1920
La place du Corbeau avec les tramways contournant l’îlot bombardé le 11 août 1944

Les bombardements de Strasbourg du 25 septembre 1944

L’église Saint-Jean bombardée

Strasbourg - Bombardement église Saint-Jean 1944
Les murs calcinés de Saint-Jean
Strasbourg - Bombardement Saint-Jean 1944
Bombardement de Saint-Jean – De l’intérieur, ne subsiste que la structure du maître-autel (AVES)
Strasbourg - Lycée Saint-Jean bombardé
Les ruines du lycée Saint-Jean, dans l’ancien cloître (AVES)
Strasbourg - Bombardement Saint-Jean
La nef de Saint-Jean bombardée – Même la tribune de l’orgue a disparu (AVES)

Ici, ma chère enfant, en plus de la superbe église du XVe siècle à la toiture si caractéristique, c’est tout le mobilier liturgique qui a disparu. De même que l’orgue Rinckenbach que le compositeur Marie-Joseph Erb s’était fait construire en 1902.

Strasbourg - Mobilier intérieur église Saint-Jean avant le bombardement de 1944
Mobilier intérieur de l’église Saint-Jean avant le bombardement (AVES)

Et l’ancien cloître était occupé par l’école technique et industrielle — qui avait remplacé le Mont-de-piété de ma jeunesse —, devenue Oberrealschule du temps allemand. Elle ne sera pas reconstruite. Par contre, je crois que l’école primaire Saint-Jean n’a pas été touchée, et le vénérable presbytère non plus.

Strasbourg - Plan relief Saint-Jean
Saint-Jean et son cloître sur le plan relief de 1865. L’école primaire est au centre, au fond. On aperçoit un bout de la caserne Kageneck qui barre encore la rue Kuhn.
Strasbourg - Plan lycée Saint-Jean
Plan de Conrath pour l’école technique et industrielle en 1866, corrigé après 1870 avec les modifications de la voirie (AVES)
Strasbourg - Plan Oberrealschule Saint-jean
Plan de 1908 pour l’Oberrealschule de Saint-Jean, avec sa Turnhalle (AVES)

Vers le quai Saint-Jean

Strasbourg Bombardement du 2 faubourg National
8. La maison alsacienne du 2 Faubourg National n’existe plus (AVES)

Je vois, ma chère Nicole. Tu fais allusion à tout cet ensemble :

Strasbourg - Quai Saint-Jean 1920
Le début du quai Saint-Jean et le pont National, vers 1920 (Strasbourg Tramway)
Strasbourg - 2 faubourg National 1910
La maison alsacienne du 2 faubourg National

Il y avait là, au 2 Faubourg National, une des plus belles maisons alsaciennes de la ville, presque aussi remarquable que la maison Kammerzell. Vers la fin de ma vie, c’est un charcutier qui l’occupait, puis un marchand de cigares. Mais je crois qu’à ton époque s’y tenait un fameux restaurant, le « Schnockeloch ». Je crains fort que sa perte soit irrémédiable et qu’on l’ait remplacée par une modernité discutable.

Plus loin se trouvait une petite maison avec un photographe, puis une auberge « Zur Mosel », qui existait encore pendant ton enfance.

Et on tombait sur cette curiosité, aussi bien architecturale que sociale, qu’on appelait le « Walhalla », une dénomination aux sonorités si germaniques que je n’y mis jamais les pieds. D’ailleurs je ne sais pas si ton arrière-grand-mère Adélaïde me l’aurait permis ! C’était une sorte d’auberge-cabaret que la bonne société qualifiait de sulfureuse.

Strasbourg - 2 à 5 quai Saint-Jean
Les numéros 2 à 5 du quai Saint-Jean
Strasbourg - Carte postale quai Saint-Jean et quai Desaix
Carte postale colorisée montrant le Walhalla à gauche, le quai Desaix et Saint-Pierre-le-Vieux à droite

Heureusement, je crois que le bel immeuble du numéro 6, au coin de la rue du Maire Kuss, a résisté aux bombardements.

Vers le quai de Paris…

Strasbourg - Bombardement quai de Paris 1944
9. Les 5 et 6 quai de Paris et le 2 rue du Marché complètement détruits.
De l’autre côté de la rue du Marché, le 7 quai de Paris est intact. (AVES)

Pour te distraire de ta peine, laisse-moi alors offrir à la future historienne que tu seras un des plus anciens clichés de Strasbourg. Tu vois ici le pont du Marché paré pour la visite de Napoléon III en 1857 ! Par une curieuse ironie, ce qui est détruit en 1944 existe déjà, mais ce qui sera épargné n’est pas encore construit ! Les deux immeubles de part et d’autre de la rue seront en fait jumeaux. D’assez élégantes bâtisses, avec de belles fenêtres ornées de mascarons, formant un beau décor pour le voyageur.

Strasbourg - Pont du Marché 1857
Le pont du Marché décoré pour la visite de Napoléon III – Le 7 quai de Paris n’est pas encore construit (Feder)
Strasbourg - Quais Kellermann et de Paris 1900
Du quai Kellermann au quai de Paris, en 1901

Avec une vue plus large et plus récente, tu les vois tous les deux et tu devines, à droite, un morceau des restes de l’hôtel d’Angleterre. Tu vois aussi ta maison au quai Kellermann !

Et sur la photo ci-contre, tu découvres l’hôtel d’Angleterre en entier, au fait de sa gloire, avant qu’il ne soit partiellement détruit par la construction des grands magasins Thietz. Que tu aperçois tout à droite de ta photo du bombardement.

Strasbourg - Hôtel d'Angleterre
Au centre, le grand hôtel d’Angleterre.
A droite, la façade nord de l’hôtel de Neuwiller.

… et le quai Desaix

Strasbourg - Bombardement 16 quai Desaix 1944
10. Les numéros 17 et 16 quai Desaix (AVES)
Strasbourg - Bombardement 13 et 14 quai Desaix 1944
11. Les numéros 16, 14 et 13 quai Desaix sont les plus durement touchés.
Strasbourg - Place du VIeux-Marché-aux-Vins
La place du Vieux-Marché-aux-Vins, avec une vue sur les 17 et 19 rue du Vieux-Marché-aux-Vins

Tu ne sais sans doute pas, ma chère enfant, que nous avons habité là juste avant la construction de l’immeuble du quai Kellermann ? C’était au 17 rue du Vieux-Marché-aux-Vins et cela donnait sur le 16 quai Desaix de l’autre côté. Les bombes n’ont rien laissé de cet immeuble que j’aimais bien…

Vers le collège Saint-Étienne

Strasbourg - Bombardement église Saint-Etienne 1944
12. Les ruines de la nef de l’église Saint-Étienne (AVES)
Strasbourg - 1 rue de la Pierre Large 1944
13. Au 1 rue de la Pierre Large, les anciens bains Saint-Guillaume fortement endommagés (AVES)

Effectivement, cette vénérable église avait déjà perdu beaucoup de son authenticité. Je n’ai jamais su pourquoi la grande tour-porche d’entrée avait été abattue en 1802. Mais à ce moment, l’édifice servit un temps de théâtre municipal. On le priva même de ses bas-côtés, le nef devenant une sorte de cube amputé du tiers de sa hauteur, sans attrait. C’est cet état-là que j’ai connu. Cependant, j’ai pu assister à la construction du nouveau collège épiscopal, tout autour, en 1860. L’architecte était Eugène Petiti, qui venait d’achever la superbe chapelle de la Toussaint.

Strasbourg - Eglise Saint-Etienne (Arhardt)
L’église Saint-Étienne au XVIIe siècle – Aquarelle de Arhardt
Strasbourg - Eglise Saint-Etienne 1920
La tour porche a été arasée, de même que la nef jusqu’à mi-hauteur de la rosace.
Strasbourg - Pont Saint-Guillaume 1890
Le pont Saint-Guillaume et les bains du même nom, en face du nouveau collège épiscopal Saint-Étienne

Par contre, au 1 rue de la Pierre Large, je me souviens des bains Saint-Guillaume, où l’on pouvait se plonger dans des baignoires de vapeurs sulfureuses. Le bâtiment n’était pas très intéressant. Mais je crois que celui qui le remplace est bien pire !

En passant par l’Hôtel des Postes

Strasbourg - Bombardement Hôtel des Postes 1944
14. L’avant-corps central de l’Hôtel des Postes, avenue de la Marseillaise, éventré (AVES)
Strasbourg - Hôtel des Postes 1910
L’avant-corps principal de l’Hôtel des Postes en 1910

Au risque de te surprendre, mon éventuel rictus de satisfaction s’est vite estompé devant ce qui a été reconstruit à la place ! On peut ne pas aimer le style d’origine, mais le remplacer, dans un ensemble encore existant, par un élément complètement étranger n’a ni rime ni raison ! Je pense aussi, ma chère Nicole, que l’éternité nous apprend sans doute à dépasser nos rancœurs historiques pour juger avec davantage d’objectivité l’apport architectural allemand à notre belle ville.

Et vers l’Orangerie…

Strasbourg - Bombardement 66 allée de la Robertsau 1944
15. Ruines de la villa au coin de l’allée de la Robertsau et de la rue de la Schiffmatt (AVES)

… et la rue Twinger

Strasbourg - Bombardement 6 et 8 rue Twinger 1944
16. Les décombres des numéros 8 et 6 rue Twinger (AVES)
Strasbourg - Elévation 6 rue Twinger Brion
Auguste Brion – Elévation du 6 rue Twinger (AVES)

Je me rappelle la construction du grand immeuble du numéro 6. Ce devait être en 1904. Ton grand-oncle Auguste m’avait montré ce chantier d’Auguste Brion, lorsque nous allions rendre visite à Théodore Schauffler.

Un peu plus tôt, des architectes de Baden-Baden, Treusch et Schober, avaient construit cette villa tarabiscotée pour un promoteur du Neudorf, Friedrich Haller. Il faisait feu de tout bois et construisait de riches villas dans le secteur. D’ailleurs, deux villas du même style néo-baroque existent toujours, aux 10 et 27 de la même rue.

Strasbourg - ELévation 8 rue Twinger 1901
Treusch et Schober – Elévation pour le 8 rue Twinger (AVES)
Strasbourg - ELévation 10 rue Twinger 1901
Treusch et Schober – Elévation pour le 10 rue Twinger (AVES)
Strasbourg - 10 rue Twinger, façade rue Herder
Le 10 rue Twinger, côté rue Herder (AW)

Elles émanaient des mêmes architectes, sur commande du même promoteur qui parsemait le nouveau quartier de somptueuses demeures. On était libre d’en apprécier le style ou non. Ainsi, j’ai évoqué récemment celles construites aux numéros 10 et 11 du boulevard de l’Orangerie.

Strasbourg - Elévation 11 boulevard de l'Orangerie
Élévation pour le 11 boulevard de l’Orangerie –
Treusch et Schober (AVES)
Strasbourg - Elévation 10 boulevard de l'Orangerie
Élévation pour le 10 boulevard de l’Orangerie –
Treusch et Schober (AVES)
Strasbourg - Bombardement du 10 boulevard de l'Orangerie 1944
17. Du 10 boulevard de l’Orangerie, il ne reste qu’un tas de gravats. On aperçoit le coin du n°11 à gauche (AVES)

Reconstruire

Ma chère Nicole, j’ai vécu les mêmes affres que toi, soixante-quatorze années auparavant. Les mêmes ruines, les mêmes désolations. Sauf que les bombes venaient de nos ennemis… Mais la ville a su renaître, comme elle l’a fait à ton époque. Espérons que nos descendants n’auront plus jamais à reconstruire Strasbourg.

Et la reconstruction justement ? Dans ce petit questionnaire, essayez de trouver quels bâtiments actuels remplacent ceux qui ont disparu sous les bombes américaines les 11 août et 25 septembre 1944 :

Comme une plume

Antoine Wendling, biographe rédacteur

Références pour les bombardements de Strasbourg en 1944 :

Toujours l’incontournable et précieux https://www.archi-wiki.org
Et celui des Archives de l’Eurométropole : https://archives.strasbourg.eu/
Richard Seiler : Objectif Strasbourg – La Nuée Bleue
Patrick Hamm : Strasbourg, mémoire d’une ville à travers ses cartes postales – Signe
Pierre et Astrid Felder : C’était hier à Strasbourg – Éditions Le Chardon
Christian Lamboley : Strasbourg Tramway – Contades

3 réponses à “Les bombardements de Strasbourg en 1944”

  1. […] nazie, ce même numéro 11 abritera la Kameradschaft Karl Roos, de sinistre mémoire. Les bombardements du 25 août 1944 détruisirent complètement […]

  2. […] restrictions sévères, on n’y trouvait de toutes façons pas grand chose !Le 11 août 1944, un bombardement américain fit de très gros dégâts dans la rue du Noyer. Comme nous avons eu peur ce jour-là, tandis que, […]

  3. […] Il venait d’acquérir l’endroit, confisqué à la Révolution. L’église, nous en avons déjà parlé ensemble, servait même de théâtre avant l’achèvement de ce que vous appelez […]

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