Il y a tout juste un an — et cinquante-quatre articles sur le Strasbourg de mon époque —, je publiais un premier article sur le Marché de Noël de Strasbourg. Alors que s’ouvre celui de cette année, c’est l’occasion d’y jeter à nouveau un coup d’œil. Article encore bien modeste… Mais seule compte la douceur de Noël qui, une fois de plus, va réchauffer les cœurs d’une humanité qui en a bien besoin, de votre temps comme du mien.
Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas encore,
je suis Antoine Wendling, architecte strasbourgeois né en 1828.
Je raconte dans ces pages quelques souvenirs de ma vie professionnelle ou familiale dans la capitale alsacienne que j’ai tant aimée.
En suivant ces liens, vous pouvez mieux nous connaître, moi et ma petite famille.
Et pour ne pas manquer les prochains articles, inscrivez-vous à la newsletter (ni publicité, ni partage de vos données personnelles) !
Attention : assurez-vous d’avoir bien reçu le mail de confirmation (en vérifiant vos spams notamment)
Pour le coup, voilà quelque chose de très très ancien ! Bien plus que moi… Le premier marché de Noël se serait tenu à Strasbourg en 1570.
Saint Nicolas avant le Marché de Noël
Bien avant cela encore, dans les pays germaniques, la coutume laissait à Saint Nicolas le soin d’offrir des cadeaux aux enfants sages. Pour permettre à leurs parents de trouver les petits présents, un marché avait lieu quelques jours avant la fête, le 6 décembre.
Mais la Réforme luthérienne est passée par Strasbourg, balayant avec elle les saints catholiques et leurs attributs.
Mais pas le personnage lugubre, qui me terrorisait enfant, désormais attaché au Christkindel.
L’Enfant Christ du Marché de Noël
Les pasteurs proposèrent donc le petit Jésus comme nouveau dispensateurs de présents. C’est ainsi que le marché de la Saint Nicolas devint celui de l’Enfant Jésus, le Christkindelsmärik. Et désormais, il durait tout le temps de l’Avent, près de la Cathédrale, sur l’actuelle place du Château.
« Nous passâmes l’hiver à Strasbourg et, à l’époque de Noël, nous allâmes comme de coutume au Christkindelmarckt. Cette foire, qui est destinée aux enfants, se tient pendant la semaine qui précède Noël et dure jusqu’à minuit ; elle a lieu près de la cathédrale, du côté du palais épiscopal, sur une place qu’on nomme le Fronhof.”
Mémoires de la baronne d’Oberkirch, 1785
Mon Christkindelsmärik
Venir à Strasbourg depuis Willgottheim n’était ni facile ni fréquent quand j’étais petit. Mon premier souvenir conscient doit dater de 1838, vers mes 10 ans.
La Foire de Noël avait alors déménagé place d’Armes, votre actuelle place Kléber, où elle restera jusqu’à l’arrivée des Prussiens en 1870.
Comme j’aimais cette ambiance chaleureuse et familiale, ces couleurs et ces odeurs… Noël était proche et il fallait s’enquérir d’un sapin, compléter sa décoration, quémander l’une ou l’autre friandise à maman.
En 1870, les Allemands ont transporté la Foire sur la place du Marché aux Chevaux, que vous appelez place Broglie (tout bon strasbourgeois sait qu’il faut prononcer Breuil).
Le Christkindelsmärik de mes descendants
Dans les années 1970, mes petits descendants ont adoré la Foire de Noël. Lors de son ouverture, la veille du premier dimanche de l’Avent, tous recevait une “mascotte”, terrible grand berlingot casse-dents au coeur de pralin enrobé d’une épaisse coque de sucre.
Les stands étaient toujours les mêmes, tenus par les mêmes familles. Les confiseries “orientales”, les gaufres, la barbe-à-papa, les pommes d’amour alternaient avec les étalages scintillants et colorés de boules pour le sapin et les alignements de santons de Provence de toutes les tailles. Il était d’usage d’en acheter un nouveau chaque année pour peupler la crèche familiale.
Strasbourg, capitale de Noël
Et puis il y eut un grand virage, une véritable mutation aux yeux des Strasbourgeois. La ville s’est auto-proclamée “Strasbourg, capitale de Noël“. Plus de deux millions de touristes chaque année, des villages de Noël un peu partout dans la ville, une affluence si considérable que les habitants de la ville n’y trouvent plus toujours leur compte. Un attentat a même endeuillé la liesse générale, transformant désormais le centre historique en forteresse pendant les quatre semaines qui précèdent Noël.
Du haut de mes 195 ans, j’ai peur de donner un avis d’antiquité… Mais le sens de Noël dans tout ça ? Le marché de l’Enfant Christ… le Messie dont la venue est fêtée à Noël depuis 2000 ans a-t-il encore une petite place dans tout ce barnum ? Ou bien serait-il relégué au fond d’une impasse, comme il fut jadis dans la grotte de Bethléem ?
Un cadeau de Noël pour vos grands-parents ou pour vos parents, qui serait aussi un inestimable cadeau pour vous ?
Laisser un commentaire